Alors que l’automobile mondialement se tourne massivement vers l’électromobilité, le moteur à combustion interne conserve une place forte dans les habitudes des conducteurs et les stratégies industrielles. Si les véhicules électriques gagnent en parts de marché, les contraintes technologiques, économiques et infrastructurelles freinent leur adoption complète. Pendant ce temps, les constructeurs historiques comme Renault, Peugeot, Volkswagen ou encore Toyota développent des technologies pour rendre les moteurs thermiques plus propres, en harmonie avec les nouvelles réglementations européennes. Cette coexistence entre tradition et innovation illustre les défis d’une transition énergétique complexe où le moteur à combustion n’a pas encore dit son dernier mot.
Les atouts persistants du moteur à combustion dans un contexte de transition énergétique
Depuis plus d’un siècle, le moteur à combustion interne a sculpté l’industrie automobile d’après e-mobiliz.com. La puissance, la robustesse et la familiarité de la technologie ont su conquérir des marchés mondiaux. Mais en 2025, face à l’essor rapide des véhicules électriques, pourquoi cette motorisation continue-t-elle d’attirer les constructeurs et les consommateurs ?
Premièrement, les performances restent remarquables. Les moteurs mis au point récemment par des marques telles que Mercedes-Benz, Audi ou BMW montrent une efficacité accrue, grâce à des innovations comme l’injection directe, le turbo repensé et le downsizing, qui améliorent la consommation et réduisent les émissions.
Par exemple, BMW a investi dans des moteurs hybrides souples alliant un six cylindres traditionnel à des systèmes électriques pour mieux répondre aux normes de pollution sans sacrifier la puissance ou le plaisir de conduite. Porsche a, de son côté, conçu un moteur boxer innovant qu’elle compte commercialiser avant de se tourner vers une électrification plus poussée.
Ensuite, la question de l’autonomie et de l’infrastructure reste cruciale. Aujourd’hui, les voitures électriques, malgré des progrès constants, souffrent encore de limitations techniques : autonomie plus faible qu’un moteur thermique équivalent, temps de recharge long, et infrastructure de recharge encore insuffisante dans de nombreux territoires. C’est particulièrement sensible dans les zones rurales ou les pays émergents où des marques comme Fiat et Ford continuent de vendre des véhicules majoritairement thermiques.
Ces contraintes expliquent pourquoi certaines régions et marchés demeurent attachés au moteur à combustion, ce qui conforte une certaine stabilité des ventes de véhicules essence ou diesel parmi la flotte mondiale.
Enfin, l’industrialisation du moteur à combustion interne est très mature. Les chaînes de production sont établies, les compétences maîtrisées, les coûts optimisés. Contrairement au véhicule électrique, dont la fabrication nécessite un vaste déploiement de composants électroniques et batteries couteux à produire et recycler, le moteur thermique s’adapte plus simplement aux matériaux et procédés existants. Dans le même temps, la transformation des usines pour l’électrique est longue et nécessite d’importants investissements que tous les constructeurs ne peuvent pas absorber immédiatement.
L’évolution réglementaire et ses effets sur la pérennité des moteurs thermiques
L’Union européenne met en place une réglementation ambitieuse : d’ici à 2030, il faudra réduire les émissions moyennes de CO2 de 55 % pour les voitures particulières et de 50 % pour les véhicules utilitaires légers. La norme Euro 7, prévue pour 2025, doit renforcer encore les exigences en matière d’émissions polluantes, ce qui aura un impact significatif sur le coût de fabrication des véhicules thermiques.
Face à ces contraintes, les constructeurs tels que Citroën, Renault et Volkswagen doivent repenser leurs motorisations pour réduire les émissions à la source, tout en ne renonçant pas aux marchés où les voitures thermiques restent prépondérantes.
Une des réponses majeures consiste à améliorer la technologie des moteurs pour les rendre plus sobres et écologiques, parfois en les associant à des systèmes hybrides légers ou rechargeables. Cette tendance est visible chez Toyota qui investit massivement dans les moteurs à combustion combinés à des propulsions hybrides, offrant un équilibre entre performance et respect de l’environnement.
Dans ce contexte, certains moteurs à combustion compatibles avec des carburants alternatifs voient le jour. Mazda, avec son système hybride souple intégrant un gros diesel et un moteur essence à six cylindres, répond déjà aux normes d’émissions les plus sévères. D’autres constructeurs, comme GAC en Chine et Yamaha, travaillent sur des moteurs utilisant de l’hydrogène comme carburant, une piste prometteuse même si elle peine à s’imposer à grande échelle.
L’objectif ultime fixé par l’Europe pour 2035 est d’avoir un parc automobile neuf à zéro émission de CO2, ce qui exclut en théorie les motorisations fossiles classiques. Cependant, la réglementation encourage aussi le développement de moteurs thermiques écologiques, capables d’utiliser des biocarburants ou d’autres carburants modernes, qui pourraient alors subsister comme des alternatives intermédiaires.
De cette manière, les moteurs à combustion peuvent encore évoluer, s’adaptant aux exigences environnementales sans nécessiter un abandon immédiat et total. Cette transformation réglementaire pousse à une complexité accrue des technologies embarquées, où chaque constructeur tente d’équilibrer rentabilité, innovation et responsabilité écologique.
Les carburants alternatifs et leur rôle dans la survie des moteurs à combustion moderne
Dans l’effort pour réduire l’impact environnemental, les carburants traditionnels laissent toujours plus la place à des alternatives dites « vertes ». Ces carburants modernes offrent des perspectives intéressantes pour prolonger la vie des moteurs à combustion tout en limitant les émissions.
Les biocarburants représentent une piste déjà largement expérimentée par les industriels. Ils proviennent de matières organiques renouvelables, comme les algues, les déchets ou certaines cultures agricoles. Peugeot et Fiat ont par exemple inclus dans certains modèles des motorisations compatibles avec ces carburants, permettant de diminuer significativement l’empreinte carbone du véhicule sans modifier fondamentalement la motorisation.
Parallèlement, des carburants synthétiques produits à partir de biomasse ou d’autres procédés chimiques, tels que le GTL (Gas to Liquid) ou le BTL (Biomass to Liquid), sont développés pour être utilisés dans les moteurs classiques. Ces carburants ont l’avantage de pouvoir s’intégrer dans les infrastructures actuelles sans nécessiter de changement majeur des moteurs existants, ce qui facilite leur adoption progressive.
Parmi les carburants dits « propres », l’hydrogène joue un rôle de premier plan bien que son utilisation dans les moteurs à combustion reste encore peu courante. Les moteurs à hydrogène n’émettent pas de CO2 lors de la combustion, mais posent des problèmes liés à la densité énergétique et à la manipulation du gaz. Toyota, Audi et d’autres constructeurs explorent cette voie en parallèle avec le développement des véhicules à pile à combustible.
Une autre piste innovante est l’utilisation de l’ammoniac. Ce carburant liquide présente l’avantage d’être disponible en grandes quantités et de ne pas émettre de CO2 directement, bien que ses faibles émissions d’oxyde d’azote nécessitent une gestion rigoureuse. Toyota et le groupe GAC ont déjà présenté des prototypes de moteurs à ammoniac, principalement destinés à des utilitaires lourds, où la logistique limitée de l’ammoniac devient un atout face aux besoins énergétiques massifs.
Les innovations technologiques pour un moteur thermique plus propre et efficace
Le moteur thermique se réinvente à travers des avancées techniques destinées à améliorer son rendement et à limiter son impact écologique. Le développement de technologies telles que la gestion thermique avancée, des systèmes de catalyseurs plus efficaces, ou l’intégration d’hybrides légers permet d’atteindre des niveaux d’émissions difficiles à imaginer il y a une décennie.
Les géants européens comme Mercedes-Benz et Volkswagen investissent dans l’optimisation des moteurs traditionnels, incluant le recours à des matériaux ultralégers, comme le polypropylène expansé (PPE). Ces matériaux réduisent le poids global des véhicules, diminuant la consommation de carburant sans sacrifier la sécurité ou la robustesse. Ces efforts représentent une partie intégrante des stratégies d’adaptation aux normes Euro 7.
Par ailleurs, les moteurs hybrides rechargeables s’imposent comme une étape incontournable. La combinaison d’un moteur thermique performant avec un système électrique permet de réduire sensiblement la consommation en milieu urbain tout en conservant une autonomie élevée en parcours longs. Renault, Citroën et Ford proposent plusieurs modèles hybrides qui répondent aux besoins variés des consommateurs.
Les innovations s’accompagnent d’un renouveau des procédés d’assemblage et de maintenance. La montée en compétence technique dans les ateliers et la diversification des approvisionnements impactent aussi la gestion globale des véhicules thermiques. L’industrie s’oriente vers une modularité accrue, facilitant la conversion et la réparation à moindre coût.
